Le Monument aux Espagnols d’Annecy à l’honneur en octobre 2017.

Le Monument « Aux Espagnols morts pour la Liberté dans les rangs de l’Armée Française et la Résistance » (1940-1945) fut d’abord la volonté de la Municipalité d’Annecy pour rendre hommage aux Résistants espagnols, comme le rappelle Gérard Métral, actuel Président de l’Association des Glières :

« A Annecy, au début de l’avenue de Genève, s’élève le monument célébrant les Espagnols morts pour la Liberté. Cette œuvre, réalisée par le sculpteur Baltasar Lobo, témoigne de l’engagement des Espagnols au côté des Résistants français pour rétablir la Liberté dans cette France qui collaborait avec le régime nazi. Sur le Plateau des Glières, avec la Section Ebro et Renfort Ebro, leurs présences, dès la création de ce maquis, participa grandement au développement, sous la devise donnée par leur chef Tom Morel, Vivre libre ou Mourir, de l’Esprit des Glières, union de tous ces combattants de l’ombre rejetant toutes discriminations, raciale, politique ou confessionnelle ».

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Dès 1946, Monsieur Lyard, premier Maire élu après la Libération, entreprit le projet du Monument et acquit le terrain. Pour le financement, le Commandant Miguel Vera et la Municipalité d’Annecy ouvrirent une souscription auprès de toutes les Mairies de Haute-Savoie. Mais, lorsque José Calviño, républicain espagnol, apprit la nouvelle, il manifesta son intention de le financer lui-même car, pendant la guerre, Miguel Vera l’avait aidé à passer en Suisse pour rejoindre Londres où il avait une entreprise de transport. En signe de reconnaissance, il voulut payer tous les frais du Monument et choisit lui-même le sculpteur Baltazar Lobo pour réaliser cette œuvre, artiste que nous présente admirablement bien Gérard Métral, grand connaisseur en art :

« Baltasar Lobo avait connu un parcours identique à bien des Espagnols fuyant le régime franquiste. Participant à la guerre d’Espagne dans le camp des Républicains de l’armée de Catalogne, il quitta l’Espagne en 1939 et se retrouva prisonnier dans le camp d’Argelès d’où il échappera. Plus tard, arrivant à Paris, il se liera d’amitié avec Pablo Picasso (l’œuvre d’Annecy reprend le titre d’une peinture de Picasso datant du 31 janvier 1947) et un grand nombre d’artistes de l’École de Paris dont l’influence est manifeste dans la sculpture d’Annecy, notamment Henri Laurens. En 1948, il participera au salon de la sculpture au Musée Rodin à Paris au côté d’Émile Gilioli, le futur auteur du Monument National à la Résistance sur le Plateau des Glières (2 septembre 1973). La ville d’Annecy peut être fière de posséder une œuvre de cet artiste reconnu par de nombreux prix. Sa facture résolument contemporaine et fortement expressive marque une rupture avec les traditionnels monuments aux morts qui étaient érigés au début des années cinquante. Elle est le témoignage indéfectible des Espagnols à la France et à ses valeurs ».

Monument rénové avec la Plaque explicative

Le Monument fut inauguré le 17 août 1952 pour le 8ème anniversaire de la Libération d’Annecy par le Commandant Miguel Vera et le Maire d’Annecy, Monsieur Georges Volland.

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Il fut rénové en 2014 par la Municipalité d’Annecy.  Son inauguration eut lieu le 27 mai 2014 en présence de Miguel Vera, fils du Commandant Miguel Vera et Président de l’Amicale de la Résistance Espagnole en Haute-Savoie, accompagné du Général Jean-René Bachelet, Président de l’Association des Glières, et de nombreuses Autorités dont Madame Anne Coste de Champeron, Sous-Préfète et Directrice du Cabinet de la Préfecture de Haute-Savoie; Monsieur Antoine de Menthon, Vice-Président du Conseil Régional, et Monsieur Jean-Luc Rigaut, Maire d’Annecy, qui s’exprima au micro de TV8 Mont-Blanc pour l’occasion :

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En octobre 2017, il a été mis tout particulièrement à l’honneur. En effet, le lundi 9, une équipe de la télévision espagnole (Madrid), après être passée par Argelès-sur-Mer et les annexes du Camp, est venue à Annecy pour filmer le Monument et les sites historiques de la création des Maquis espagnols. Elle s’est ensuite rendue à Paris pour enregistrer des témoignages et prendre des prises de vue de l’atelier où avait été sculpté le Monument aux Espagnols d’Annecy.

Trois jours après, le 12 octobre, les élèves hispanisants de la 3°1 et la classe de 3°2 du collège « Le Semnoz » de Seynod ont eu le privilège de découvrir l’œuvre de Baltazar Lobo lors d’une sortie pédagogique dans le cadre de leur EPI (Enseignement Pratique Interdisciplinaire) « Passeurs de mémoire », mené conjointement par leurs professeurs d’histoire et d’espagnol. Miguel Vera, Président de l’Amicale de la Résistance Espagnole en Haute-Savoie, les attendait devant le Monument pour en faire l’historique et leur transmettre la mémoire de ces Républicains espagnols qui se sont battus aux côtés des Résistants français en Haute-Savoie, pour notre Liberté. Ce fut un moment émouvant pour les élèves et l’occasion de découvrir que la mémoire peut aussi s’inscrire dans la pierre.

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