Archives mensuelles : janvier 2020

Cérémonie commémorative du 76ème anniversaire de la mort de Richard Andrès et Léon Bouvard.

Dimanche 19 janvier 2020 a eu lieu la cérémonie en hommage à Richard Andrès et Léon Bouvard à Annecy-le-Vieux, au hameau de Sur-les-Bois, endroit même où furent abattus nos deux héros par les forces nazies d’occupation.

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En plus du public présent malgré le froid, de nombreuses personnalités assistaient à la cérémonie :

  • Monsieur le Directeur de Cabinet de Mr Le Préfet de Haute-Savoie –Sous- Préfet.

  • Monsieur le Maire de la Ville Déléguée d’Annecy-le-Vieux. Ancien Président de l’Assemblée Nationale.

  • Madame Véronique RIOTTON, Députée de Haute Savoie.

  • Madame Laure TOWNLEY BAZAILLE, Conseillère Départementale.

  • Monsieur le Directeur de l’ONACVG.

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Après les discours, on procéda au dépôt de gerbes :

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Pour mémoire, Richard ANDRES, Résistant de la première heure, organisateur des premiers Maquis, fut le fil conducteur qui permit à chaque Républicain espagnol des Groupes de Travailleurs Étrangers cantonnés en Haute-Savoie de déserter ces Groupes et rejoindre les Maquis. Avec ces Maquis espagnols commandés par Miguel VERA, Richard Andrès prit de plus en plus d’importance. Il fut nommé chef du SAP –Service Atterrissages et Parachutages –  pour la Haute-Savoie.

La Mission Interalliée (mission Musc), venue de Londres, fut reçue à l’Auberge du Lyonnais, plaque tournante de la Résistance, seule adresse connue des Alliés et siège du PC de la Résistance espagnole.

Cette Mission devait, dans un premier temps, vérifier l’organisation et l’effectif des Maquis. Dans un deuxième temps, évaluer la capacité de ces Maquis à recevoir des armes et la quantité.

C’est Richard Andrès qui conduit la mission Musc auprès des Maquis de toute la Haute-Savoie. Un travail énorme et très dangereux pour Andrès (déplacements, contacts avec les Maquis, communications avec Londres, rapports à l’état-major de la Résistance), tout ceci dans la clandestinité.

Il s’en suit une grande amitié entre le chef de la Mission Musc, le Lieutenant-Colonel Xavier Heslop et Richard Andrès.

Heslop a une grande estime pour Andrès.  Il apprécie énormément le travail et la valeur de Résistant d’Andrès. Il l’a écrit dans ses mémoires.

Richard Andrès a joué un rôle très important pour obtenir des armes auprès des Alliés.

Les maquisards espagnols se sont trouvés au premier plan pour l’organisation et la réception de ces armes.

La Haute-Savoie est le premier département de France à être libéré par ses seules forces unies de la Résistance, cas unique en France. Nous pouvons ajouter : grâce aux armes envoyées par le Alliés.

Richard Andrès a joué un rôle de premier plan auprès de la Mission Musc pour obtenir ces armes libératrices.

Discours de Miguel VERA, Président de l’Amicale de la Résistance Espagnole :

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Monsieur Le directeur de Cabinet de Mr le Préfet, représentant Monsieur le Préfet de la Haute-Savoie.

Monsieur le Maire de la Ville Déléguée d’Annecy-le-Vieux.

(Madame la Députée).

Madame la Conseillère Départementale.

Monsieur le Directeur de l’ONACVG.

Mesdames et Messieurs les élus des différentes Municipalités.

Monsieur le Président de l’Association des Glières.

Mesdames et Messieurs les Présidentes et Présidents d’Associations Patriotiques.

Messieurs les responsables des Gendarmeries de Haute-Savoie.

Mesdames et Messieurs les Porte-drapeaux.

Mesdames, Messieurs.

Chers amis.

Merci de votre présence à cette cérémonie du souvenir pour rendre hommage à la mémoire de nos deux héros Richard Andrès et Léon Bouvard qui dans la fleur de leur jeunesse ont tout sacrifié pour la France et la Liberté.

Ils ont été lâchement assassinés par les forces nazies d’occupation le 18 janvier 1944 à cet endroit même.

Ils ont été assassinés parce qu’ils ont refusé de se soumettre. Ils sont allés jusqu’au sacrifice extrême pour la Liberté, la dignité humaine et l’amour de leur Pays.

La tête de Richard Andrès est mise à prix par la Gestapo. Ce jour, la Gestapo a l’information qu’Andrès doit passer par là. Une Section entière de la Wehrmacht envahit le hameau de Sur-les-Bois. Des soldats, il y en a partout, raconte un témoin. La route est coupée par un barrage. Trois fusils mitrailleurs sont judicieusement disposés de part et d’autre de la route pour ne laisser aucune chance à tout véhicule qui s’approche. Il est aux alentours de 17 heures quand la voiture des deux résistants traverse le hameau. Mais c’est seulement à la fin de cette courbe que le barrage peut être aperçu. Pas le temps de reculer. A cet instant, férocement, avec rage, sans sommation, les trois fusils mitrailleurs entrent en action et déchargent leur mitraille. Le vrombissement des armes est terrible. L’écho résonne sur les parois du Parmelan. Les habitants de Sur-les-Bois sont épouvantés.

Les filles de Monsieur Alphonse Garnier, Léa et Andrée, ont suivi la scène depuis la fenêtre de leur maison toute proche.

Avant de quitter les lieux, les Allemands dépouillent la voiture : un poste de radio émetteur-récepteur pour communiquer avec Londres qu’utilisait Richard Andrès.

Richard ANDRES fut le fil conducteur qui permit à chaque Espagnol qui désertait les Camps de Travailleurs Étrangers encadrés par la police de Vichy, de rejoindre les Maquis. Il fut l’un des deux premiers chefs des Résistants espagnols. Sa disparition les choqua profondément. En plus du choc émotionnel, ce fut aussi le désarroi car Andrès était un chef mais aussi leur interprète et leur lien avec la Résistance française. Bien sûr ils se ressaisirent vite sous le commandement de Miguel VERA, compagnon de la première heure de Richard Andrès, mais cet évènement  restera marqué à jamais dans l’esprit de chaque Résistant.

Très marqués par ce tragique épisode, les Anciens Résistants espagnols ont toujours eu à cœur la commémoration de cet événement qui représentait pour eux une des marques de leur identité.

A ce titre nous sommes très reconnaissants et remercions très chaleureusement la Municipalité d’Annecy-le-Vieux de son engagement, de son investissement pour pérenniser cette cérémonie.

Avec ces Maquis espagnols, Richard ANDRES prit de plus en plus de l’importance. Au début juillet 1943, il est nommé chef du « Service Atterrissages et Parachutages » le SAP de l’Armée Secrète pour la Haute-Savoie. Cela fit jouer un rôle de premier ordre aux Résistants espagnols dans l’organisation, la préparation puis la réception des armes parachutées par les Alliés. Aux Glières, ces Résistants ont combattu sous l’uniforme du 27ème BCA. Ils ont tissé des liens très forts entre eux et Tom MOREL, lequel leur porta une grande estime. Il avait particulièrement apprécié le fait que ces Résistants, très disciplinés et efficaces, avaient emmené sur le Plateau des armes soigneusement entretenues et gardées depuis la dissolution du 27ème BCA le 11 novembre 1942.

La dynamique que Richard ANDRES avait inculquée aux Résistants espagnols, se manifesta dans leur comportement exemplaire et héroïque au Plateau des Glières (rappelons-nous les éloges que Tom MOREL leur fit sur le Plateau), puis à la libération du département de la Haute-Savoie,  ainsi que la libération de la vallée de la Tarentaise et la vallée de la Maurienne en Savoie.

La Haute-Savoie peut se vanter d’être le seul département de France à s’être libéré par ses propres forces de la Résistance unie. On peut ajouter,  grâce aux armes envoyées par les Alliés.

Richard Andrès fut la cheville ouvrière et acteur de premier plan dans le processus, les démarches et l’action pour obtenir auprès de la Mission Interalliée envoyée par Londres, les armes libératrices.Ceci se confirme par la citation du Lieutenant-Colonel Richard Heslop dit Xavier, chef de la Mission Interalliée qui a écrit dans ses mémoires : « Richard Andrès et Tom Morel étaient tous deux des personnalités remarquables, des combattants de qualité, leur souvenir est toujours vivant ».

André Malraux nous a dit « la plus belle des sépultures c’est la mémoire des vivants »

Cette cérémonie permet de perpétuer cette mémoire.

Ainsi, aujourd’hui, le plus bel hommage que nous pouvons rendre à nos héros est de ne pas oublier.

Ne pas oublier que, pour conquérir la Liberté dont nous jouissons, beaucoup d’hommes et de femmes, ont succombé sous les balles des mitrailleuses nazies, aux pelotons d’exécution, dans leur maison incendiée, dans les camps d’extermination.

Une pensée pour eux en même temps que nous rendons hommage à la mémoire de Richard Andrès et Léon Bouvard, morts au combat pour la France et la Liberté.

Article du Dauphiné Libéré sur la cérémonie paru le mardi 21/01/2020 (page 10)

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